Sommaire exécutif - La confrérie des Frères musulmans a connu une courbe ascendante rapide d’expansion et d’extension quelques années après sa fondation en 1928. Peu après son apparition au Caire en 1932, elle comptait plus de 100 branches en 1936 et leur nombre a atteint 400 branches à la fin des années 1930. Le taux d’expansion et d’influence a doublé au cours des années 1940, portant le nombre de branches à 2 000 en 1949, et le nombre de membres appartenant à la confrérie se situait entre 300 000 et 600 000. - Plusieurs facteurs ont contribué à l’expansion des FM au sein de la société égyptienne avec ses différentes catégories et composantes, par exemples les opportunités politiques qui ont leur été offertes par les régimes égyptiens successifs. La confrérie a conçu un système administratif étroit caractérisé par une prise de décision centralisée et fondé sur la loyauté et la clandestinité, et liant l’idéologie à la pratique. - La confrérie a adopté une ingénierie sociale par laquelle ils tentaient de gagner les coeurs et les esprits de la classe ouvrière, pour ensuite la mobiliser et la recruter pour servir ses propres objectifs, en utilisant plusieurs moyens, dont les plus importants sont la Da’wah, l’éducation, les médias, les services sociaux, les institutions économiques et même la violence. - La confrérie a réussi à utiliser les associations civiles pour servir leurs objectifs politiques, pour attirer de nouveaux membres d’une part, et pour achever une mobilisation de masse et une mobilisation dans le processus électoral auquel la confrérie se présente, que ce soit au niveau des élections locales, parlementaires ou présidentielles d’autre part. - La confrérie a adopté une approche de proximité en se rapprochant des gens dans les quartiers résidentiels, les centres de travail et les marchés, afin de consolider les relations de solidarité et de soutien, et de combler le vide laissé par l’État, en établissant un réseau d’organisations caritatives dans les domaines de l’éducation, de la santé et des services sociaux. - Dans les années soixante-dix du vingtième siècle, l’Égypte a connu d’importantes transformations politiques, telles que la réconciliation du président Sadate avec les FM, stratégie qu’il a utilisée pour affronter le mouvement politique gauchiste et nassérien, à un moment où les FM avaient grand besoin d’étendre leur influence dans la société après les années d’interdiction sous le régime du président Gamal Abdel Nasser. - Avec l’arrivée au pouvoir du président Sadate, les activités des FM se sont intensifiées dans les domaines politique et économique, et ils se sont mobilisés pour la construction d’un vaste réseau d’institutions sociales caritatives, notamment des écoles, des projets de services et de charité, des hôpitaux et des cliniques. - Sous le régime du président Mohamed Hosni Moubarak, l’activité de la confrérie s’est distinguée par le fait qu’elle agissait selon des règles spécifiques, et bien qu’il s’agisse d’une confrérie interdite, elle est parvenu à contrôler de larges secteurs de la société, ce qui en a fait la première force et le concurrent le plus fort du parti national démocratique. Elle a réussi à se faire une légitimité grâce aux services offerts au peuple égyptien, pour ensuite l’influencer. - Le président Mohamed Morsi, un leader des FM, est arrivé au pouvoir le 30 juin 2012, après les premières élections organisées par l’Égypte à la suite de la démission du président Mohamed Hosni Moubarak. Morsi est devenu le premier président après la révolution du 25 janvier 2011, et le cinquième président à prendre le pouvoir dans l’Égypte moderne. - De nombreuses remarques négatives sont apparues lorsque les FM ont pris le pouvoir en Égypte, notamment le factionnalisme et le manque de projets de développement, car l’expérience du travail caritatif et bénévole que la confrérie a fourni à la large base de la société n’a pas pu améliorer les performances du gouvernement. Leur parti «Liberté et Justice», après avoir pris le pouvoir, n’a pas mené à bien un processus national de rationalisation des ressources humaines et matérielles, et l’opposition les a accusés de chercher à trahir l’État et la société, et de montrer leur empressement à conserver les postes d’État les plus sensibles. - L’opposition populaire contre le gouvernement de Morsi a augmenté, en raison de son manque de vision et d’expérience dans la gestion du pays, et de son incapacité à comprendre le besoin de liberté et de diversité de la population. Le pays a connu le 20 juin 2013, qui coïncidait avec la commémoration du premier anniversaire de l’arrivée de Morsi au pouvoir, des manifestations de grande ampleur qui se sont terminées par l’intervention de l’armée et le renversement du président des FM. - La baisse de la popularité des FM est lié à un certain nombre de facteurs, dont certaines sont liées à l’environnement social entourant la confrérie, d’autres sont liées à l’accélération des événements politiques qui ont caractérisé cette période, et d’autres encore sont liées aux changements de valeurs culturelles dans le monde arabe.