Cette étude aborde la problématique de la violence chez les Frères musulmans, notamment à travers l'organisation spéciale qui a vu le jour sous la supervision du premier guide de la Confrérie. Une telle organisation est en fait la preuve de la consolidation et de l'institutionnalisation de la violence par la Confrérie qui, ce faisant, vise à réaliser ses objectifs en accédant au pouvoir et en établissant un « État islamique », le but ultime étant de parvenir à ce que le guide fondateur a qualifié de « prééminence mondiale », bien qu'elle prétende être un simple mouvement social et de prédication. Les idées des Frères musulmans sont le point de départ intellectuel des groupes violents contemporains avec leurs divers modes d'organisation, y compris Al-Qaïda et « l'Organisation de l'État Islamique / Daesh ». Ces idées ont servi à justifier les actes de violence et les attentats terroristes perpétrés tant à l'intérieur qu’à l'extérieur de l'Égypte. Ce sont ces mêmes idées qui ont permis d'assurer la continuité de l'appareil spécial après ses revers sécuritaires en Égypte durant les années cinquante et soixante du siècle dernier. L’annonce par la Confrérie de la dissolution de l'appareil spécial et de la cessation de ses activités n'est pas antinomique avec le fait qu’elle soit toujours attirée par l’usage de la force. De leur point de vue, les Frères possèdent la crédibilité, la distinction et la pureté qui manquent aux autres groupes ou partis. Ils ne conçoivent de recourir à la force toutefois qu'en cas de nécessité impérieuse. L'activité de l'organisation spéciale se manifeste aujourd'hui sous diverses formes, en fonction de variables internes et externes, que ce soit dans un cadre politique, de renseignement ou relationnel, ou à travers le soi-disant concept de « violence défensive » apparu après le limogeage du président défunt Mohamed Morsi, notamment par le biais d'actes de violence et de sabotage des infrastructures et d'attaques contre les forces de l'ordre.